L’etat d’urgence sanitaire a été décrété ainsi que le confinement du Grand Libreville. Si ces choix des autorités gabonaises sont en grande partie bien reçus, dans la population, ils suscitent de grandes inquièttudes chez certains concitoyens. Certains en effet s’interogent sur les nouveaux pouvoirs conférés aux forces de l’ordre : pourquoi avoir autorisé l’intervention des forces de l’ordre dans les domiciles pour faire respecter les mesures barrières ?
» Les forces de sécurité dans cette période d’état d’urgence sont autorisées à rentrer dans les domiciles pour s’assurer que les compatriotes respectent les mesures barrières « , a prévenu hier le Chef du gouvernement, Julien Nkoghe Bekale, lors de sa déclinaison des modalités pratiques de la mise en œuvre des mesures exceptionnelles annoncées par le Chef de l’État, Ali Bongo Ondimba..
Le confinement de la population de Libreville, Owendo, Akanda, Ntoum et de la Pointe Denis, en raison de la pandémie du Coronavirus, doit débuter dimanche 12 avril 2020 à minuit, pour une durée de 15 jours. Le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha, a indiqué que durant cette période, toute la population gabonaise est invitée à rester chez elle. Ce sont désormais plus de 824 911 personnes qui seront assignées à résidence.
Pour obliger les plus imprudents à respecter cette mesure, les autorités gabonaises redoublent d’imagination. Elles ont entre autre donné carte blanche à des forces de l’ordre dont les multiples abus sont critiqués. Et gare aux contrevenants. Mais comment les membres d’une même famille feront-ils pour respecter les mesures barrières confinés dans une même maison ? Ne pas s’embrasser et respecter la distanciation sociale d’au moins 1 mettre ? En autorisant l’intrusion des agents armés de l’État dans les maisons pour faire respecter les gestes sanitaires, le gouvernement ne donne t-il pas à cet état d’urgence le visage d’un etat de siège ? Pour Aimé Régis Renombo, le Président du Rassemblement espoir pour le peuple ( REP ), c’est tout comme.

» L’ état d’urgence est certes un régime d’exception, mais il ne permet pas aux forces de defense et de sécurité d’entrer dans les domiciles.
Seul l’état de siège qui est une forme de loi martiale donnant des pouvoirs extraordinaires à l’autorité militaire peut leur permettre d’entrer dans les maisons.
On peut bien voir que dans la constitution gabonaise, les différents régimes d’exception vont du moins important au plus important. C’est à dire de l’état de mise en garde, état d’urgence, état d’alerte et enfin seulement, état de siège.
On comprend donc que l’état de siège est la mesure la plus extrême souvent appliquée en situation de guerre réelle.
Si le législateur encadre systématiquement les régimes d’exception, c’est précisement à cause des abus…
je soutiens l’ensemble des mesures de riposte prises par le chef de l’état contre le corona virus et j’ ai déjà eu à m’exprimer dessus même si certains me l’ont reproché, épididermiques qu’ils sont à tout ce qui vient du chef de l’état même quand ce dernier prend des mesures salutaires pour tous.
Cependant je m’insurge contre cette autorisation somme toute anticonstitutionelle qui donne soit disant droit aux forces de défense et de sécurité de rentrer dans les maisons.
Il s’agit là finalement d’un régime d’exception hybride mélangeant état d’urgence et état de siège « , a-t-il conclu, avant d’ inviter le gouvernement a revenir sur son autorisation pour prévenir tout dérapage.
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