Véritable faut inédit. L’Industrie du Bois moderne du Gabon (IBMG), une entreprise chinoise établie à Booué, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, au sud-ouest du Gabon, foule allègrement aux pieds les dispositions du Code du Travail gabonais avec l’appui de certaines autorités locales.
Les travailleurs, traités comme des bêtes de somme, se résignent pour la plus part aux traitements inhumains et esclavagistes dont ils sont les objets.
À IBMG, les chinois règnent en maîtres, imposent leur donne, quitte à passer outre les droits les plus basiques du personnel.
« Je travaille à IBMG depuis décembre 2019. J’ai été employé en qualité de déligneur. Ensuite, j’ai été victime d’un accident de travail. J’ai reçu une double opération. Les chinois m’ont trimbalé. Pour que je sois pris en charge, ça a été tout un problème. Mon accident est intervenu à 7 heures du matin. C’est à 21 heures qu’ils sont intervenus », témoigne un agent lésé dans ses droits.
Une situation difficile qu’a traversé le jeune compatriote, révélant que cette négligence a été la conséquence du mépris et de la condescendance d’Oumar Ogandaga, le chef du personnel : « le chef du personnel, monsieur Oumar Ogandaga n’a pas engagé une prise en charge immédiate après mon accident. Tout ce qu’ils ont engagé comme dépenses pour la santé, ils l’ont demandé de le rembourser. Ce n’est pas normal. Cela fait deux ans et quatre mois que je travaille, je ne suis pas en CDI. Les retenues CNAMGS et CNSS ne sont pas reversées. Après cet accident, je ne pouvais plus exercer en tant que déligneur. Ils m’ont changé de poste et proposé un contrat de manœuvre. Ce que j’ai refusé. Ils ne m’ont pas payé la durée ni l’accident de travail.je n’ai jamais vu les factures de l’hôpital, mais je me suis simplement rendu compte qu’ils m’avaient retiré 250 000 francs. J’ai porté plainte et ils m’ont mis à la porte me disant d’aller me plaindre où je veux », confie un ancien employé, furieux.
Si les dérives foisonnent dans la société de Ji Hai Feng, responsable provincial de l’entreprise forestière, c’est parce que cet entrepreneur chinois, qui a tissé sa toile dans la localité, jouit du gracieux soutien de certaines autorités.
« Ici, les sociétés chinoises ne permettent pas aux travailleurs de passer en CDI. Pour ce qui est de mon cas, j’ai été forcé de signer un autre contrat. Mais j’ai refusé. C’est après cet épisode qu’ils ont commencé à me chercher des problèmes sur le lieu du travail. Des mis à pied incompréhensibles n’ont pas fini de pleuvoir. Un jour le chef du personnel m’a révélé qu’ils faisaient tout ça pour me pousser à la démission volontaire. Mais je ne leur ai pas donné cette opportunité. Après plusieurs menaces, je me suis plainds à l’inspection du travail. Curieusement cette dernière a banalisé mon action », dénonce un autre employé.
De sources concordantes, toutes les plaintes portées dans les services de Edmond Ngome Kass, inspecteur du travail à Booué, ne trouvent jamais un aboutissement heureux.
Bien au contraire, cet agent de l’État préférerait la dissuasion, renvoyant les plaignants à leurs difficiles conditions de travail.
Outre l’inspecteur, le préfet, Martin Paul Ikamba volerait à chaque fois que besoin est, au secours de l’entreprise chinoise.
« Un jour le préfet m’a menacé et jeté ma plainte au visage. Me demandant de sortir de son bureau si je ne voulais plus travailler à IBMG », a déclaré un autre employé. Et de renchérir : « j’ai même été menotté et agressé à la bombe lacrymogène. Ils m’ont brutalisé. Cela fait trois mois que je suis assis à la maison, les droits n’étant toujours pas payé ».
Citant tour à tour les compromissions consécutives de l’inspection, de la brigade locale et du préfet, le personnel d’IBMG ne manquent pas de rapporter les propos de défiance du chef du personnel. Ce dernier se déclarerait intouchable du fait de ses relations avec les autorités de la localité et de ses liens familiaux avec une magistrate de la Cour des Comptes.
« Le chef du personnel est un homme hautain. Nous travaillons parfois au delà de notre lieu de travail. Il est déjà arrivé que nous allions travailler chez lui comme des écoliers. Un agent s’était même blessé. Si vous vous plaignez il vous colle un motif pour vous pousser à bout. C’est Infernal », relate un autre agent.
À IBMG, le climat est loin d’être propice. L’entreprise chinoise, forte de ses relations avec les autorités de la ville, n’hésite pas de basculer dans l’irrationnel.
Désœuvré, le personnel ne souhaite plus qu’une chose: l’intervention des plus hautes autorités depuis Libreville, la capitale gabonaise, pour recadrer définitivement les ardeurs et préserver les droits de tous.
Igor Ngoma
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