[Politique] Gabon/Remaniement ministériel :Ali Bongo a-t-il retenu la leçon, les fang de l’Estuaire bientôt de retour à la primature ?

Les gabonais attendent avec impatience la formation d’un nouveau gouvernement et surtout de connaître le visage du nouveau Premier ministre. Les fang de la province de l’Estuaire vont-ils reprendre leur “héritage »?

Le sujet occupe les conversations dans les quartiers et les administrations. Et la presse s’en mêle. Toutefois, les sources les plus fiables s’avancent et font savoir que l’Estuaire serait sur le point regagner la primature.

Peu après sa prise de pouvoir en 2009,Ali Bongo avait rompu avec une vieille tradition qui attribuait systématiquement le poste à l’ethnie fang de la province de l’Estuaire.

Ali Bongo avait voulu faire table rase en passant l’éponge sur cette pratique dite traditionnelle. Depuis 1960, le Gabon a vu se succéder près de 12 premiers ministres dont 9 issus de l’ethnie fang, originaires de la province de l’Estuaire.

Une tradition géopolitique initiée par l’ancien président Omar Bongo (1967-2009). Il s’agit d’une politique de redistribution de postes en fonction de la province et des ethnies. Ce choix politique a pour succès le maintien de l’équilibre entre les régions et les ethnies au sommet de l’État.

Pourtant, Ali Bongo s’était inscrit dans cette logique dès ses premiers jours de pouvoir en nommant Paul Biyoghé Mba chef du gouvernement avant d’opérer par la suite un chamboulement qui avait ébranlé le paysage politique gabonais.

Même si aucun cadre politique ou administratif (fang) de cette province n’avait jamais exprimé une forme de frustration, ce choix n’avait tout de même pas été cautionné. Alors, le prochain gouvernement très attendu aura pour mission principale d’organiser la future présidentielle mais c’est le visage de son chef qui intéresse beaucoup plus.

Voilà donc un ordre traditionnel qui s’apprêterait à revenir. De Léon Mba à Casimir Oye Mba en passant par Julien Nkoghé Bekalé,la longue dynastie fang de l’Estuaire serait sur le point de germer à nouveau.

Le chef de l’exécutif gabonais s’est-il brûlé en voulant éteindre précipitamment le feu mystique et spirituel attisé par les ancêtres détenteurs du pouvoir post-colonial?

«Ce qu’un enfant ne voit pas étant debout, un vieillard peut le l’observer étant assis», a-t-on coutume de dire dans les corps de garde fang.

Jean Eyeghé Ndong n’avait pas alors eu tort lorsqu’il avait déclaré à Bitam en 2009 que : «Le pouvoir au Gabon est une tradition».

Igor Ngoma