Ali Bongo parti, pourquoi les crimes rituels continuent-ils ?

Depuis plusieurs jours, le jeune Loko Pascal Cameron était porté disparu. C’est finalement hier que son corps sans vie a été retrouvé. Une découverte macabre qui ravive, une fois de plus, le spectre des crimes rituels au Gabon. Leur résurgence interroge profondément et impose une réflexion lucide, loin des raccourcis émotionnels.

Comment comprendre que ces crimes continuent de prospérer alors qu’Ali Bongo Ondimba n’est plus au pouvoir, ni même sur le territoire national, lui qui était pourtant présenté comme le principal instigateur de ces pratiques criminelles ? Cette réalité vient brutalement déconstruire un discours longtemps entretenu, parfois avec une étonnante facilité.

Lors de sa chute, Ali Bongo avait lancé cette phrase lourde de sens : « Tous les problèmes du Gabon, c’est la faute aux Bongo. D’accord. On verra ce que mon successeur fera. »


Était-ce une provocation, un cynisme assumé, ou une lecture froide d’un système qu’il savait profondément enraciné ? Était-il visionnaire, ou simplement conscient que le mal gabonais dépasse les individus pour s’inscrire dans une architecture de pouvoir solidement installée ?

La recrudescence des crimes rituels sous la Vème République semble apporter une réponse claire : le problème n’était pas uniquement Ali Bongo. Il s’agit d’un système ancien, toléré, protégé et parfois instrumentalisé. Un système qui survit aux hommes et s’adapte aux régimes, parce qu’il n’a jamais été véritablement démantelé.

Dès lors, une série de questions s’imposent.
Pourquoi ce silence assourdissant de la classe politique ?
Pourquoi cette inertie troublante de la justice ?


Pourquoi le procureur de la République n’a-t-il pas immédiatement ouvert une enquête dès les premiers jours de la disparition ?


Pourquoi l’exécutif a-t-il tardé à condamner publiquement cet acte odieux, alors qu’il se montre souvent d’une célérité exemplaire pour saluer la promotion des acteurs politiques ?
L’exemple est révélateur : l’exécutif n’avait pas hésité à féliciter sur les réseaux sociaux l’élection de la nouvelle présidente du Sénat… alors même que le vote n’avait pas encore eu lieu.

Cette promptitude contraste violemment avec la lenteur observée face à un crime qui touche au cœur même de notre humanité et de notre cohésion sociale.

Ce deux poids, deux mesures pose un grave problème de priorités et interroge la sincérité du discours de rupture. Tant que les crimes rituels ne susciteront pas une réaction ferme, immédiate et exemplaire de l’État, ils continueront de prospérer dans l’ombre de l’impunité.

Le véritable combat n’est donc pas contre un homme, mais contre un système. Et tant que ce système sera préservé, la Vème République risque de n’être qu’un changement de façade, incapable de protéger les plus vulnérables et de rendre justice aux victimes.

J’ai écrit, Annoye Patty NKOUA.

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