Le Gabon traverse ce qui est sans doute la crise économique la plus grave de son histoire, mais ce sont actuellement les attitudes des personnalités politiques qui focalisent la colère. Celles de certains opposants dont les intérêts égoïstes sont placés au dessus de l’intérêt supérieur de la nation. Sans aucun projet alternatif, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui trahissent la lutte. Qui font volte-face en allant » à la soupe » machiavéliquement préparée par le camp de l’ennemi. Quel signal donnent-ils à la population ?
Ali Bongo n’a manifestement pas des « rivaux » à la hauteur des défis urgents du Gabon. Et il le sait. Au sein de l’opposition, les attaques contre le chef de l’exécutif gabonais sont quotidiennes. Aujourd’hui, relatives à sa capacité à diriger le pays, depuis le début de ses ennuis de santé, le 24 octobre 2018, à Riyad en Arabie Saoudite. Mais de quelle opposition parle-t-on ? L’égoïsme ou la boulimie du pouvoir de ses leaders les empêchent de fédérer leurs énergies pour une action commune. Dépourvue de stratégie de conquête du pouvoir, affaiblie par la pauvreté et le déficit de vision démocratique, l’opposition gabonaise est sans efficacité, sans probité.
Divisée, elle affronte un régime au pouvoir droit dans ses bottes. Dans le champ présidentiel, des programmes de déstabilisation et de corruption des membres de l’opposition sont mis en place. Plusieurs politiciens gabonais tombent dans le piège de la politique du ventre à laquelle le pouvoir débloque des sommes aux montants stratosphériques. Biberonnés au franc CFA ils ne se gênent plus d’applaudir et de soutenir le régime en place. Le comble du ridicule.
Parmis eux, il y a des pointures : Maganga Moussavou ( PSD, vice-président de la République), René Ndemezo’o Obiang (DN, président du Conseil économique, social et environnemental). Mais encore d’autres, dont l’entrée au gouvernement n’a pas manqué de susciter l’indignation du peuple gabonais. Profondément déçu par ce qu’il qualifie de « trahison de notre peuple par les leaders de l’opposition ». Moukagnl Iwangou (ministre de l’Enseignement supérieur), David Mbadinga (ministre du commerce), Jonathan Ndoutoume Ngome (ministre délégué, Santé). Un happy end pour ces derniers, mais une prise de position qui en laisse plus d’un perplexe.
Dans la même lignée, les jeunes ne sont pas en reste. L’excès de joie manifesté lors du grand retour d’Ali Bongo, le 23 mars, par l’opposant modéré Franck Nguema (ministre délégué, Forêts et environnement), balaie tous les doutes sur son adhésion au camp de l’ennemi commun d’hier. Autre curiosité et pas la moindre : Bruno Ben Moubamba , l’opposant devenu en octobre 2016 à la grande surprise générale, vice-premier ministre en charge de l’Habitat et de l’urbanisme dans le 1e gouvernement d’ouverture post-élection présidentielle. Le président de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR), en séjour en France depuis plusieurs mois, s’en tient désormais à de stériles invectives contre Ali Bongo et son directeur de cabinet (DC) Brice Laccruche Alihanga, à travers les réseaux sociaux. Un document fort accablant circulant actuellement sur le net révèle que l’éphémère vice–premier ministre d’Ali Bongo, aurait avant de revêtir sa veste d’opposant, »très respectueusement » sollicité le soutien financier du DC du chef de l’État. Justifiant cette attitude dégradante en ces termes : « En effet, au terme des élections générales (locales et législatives d’octobre 2018), au vu des efforts financiers que j’ai réalisé, je suis aujourd’hui dans une situation financière instable ». Décidément, lorsqu’on a goûté aux délices du pouvoir il est difficile de s’en défaire.
Voici la classe politique gabonaise dite de l’opposition qui continue à offrir à Ali Bongo l’opportunité de rester au pouvoir. Des observateurs avertis de la scène politique nationale s’accordent pour dire que le peuple n’a d’autre choix que de réinventer par lui-même le changement qu’il souhaite.
Pierre Parfait Mbadinga
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