Depuis deux semaines, bruyamment relayées sur les réseaux sociaux ou annoncées en toute discrétion, les mésaventures de certains directeurs généraux d’entreprises publiques, parapubliques et d’établissements bancaires se multiplient. Elles constituent le bruit de fond du réveil en sursaut du » Mamba « . Une opération anti-corruption initiée par le président de la République, Ali Bongo Ondimba. Sur ces deux semaines, plus d’une vingtaine de personnalités proches du ministre en charge du suivi des investissements humains, Brice Laccruche Alihanga ( » BLA » ) et son Association des jeunes émergents volontaires ( AJEV ), ont été interpellées et gardées à vue à la Direction générale des recherches ( DGR ). Systématiquement, il est question de soupçons de délits économiques.
LE CLOU DE LA SEMAINE
Dernier rebondissement dans cette affaire d’interpellations: Ike Ngouoni Aila Oyouoni, le conseiller spécial porte-parole de la présidence de la République est appréhendé à 11h45, le 21 novembre 2019, par les éléments de la Direction générale des services spéciaux ( DGSS ). Une information confirmée à Jeune Afrique par son avocat.
Les membres de l’Ajev, dont fait partie Ike Ngouoni Aila Oyouoni, sont sous le choc. Les soupçons de règlement de compte fourmillent et l’association se referme désormais comme une huître: c’est le silence radio.
CRÉER LA PEUR
» La théâtralisation de ces interpellations des hauts responsables, membres de l’Ajev, vise à maintenir une tension dans toute l’élite, un sentiment de peur, s’indigne un observateur de la vie politique gabonaise. Le but est de garantir la loyauté de l’élite et la stabilité du système par la menace permanente « .
Dénoncées mercredi, par un collectif d’avocats, ces séries d’interpellations s’effectuent en présence des agents spéciaux, ce qui n’est nullement prévu dans aucun texte.
Ces interpellations interviennent au moment où le rapport annuel » Global Law and order » de l’Institut Gallup, indique que le Gabon est classé au 3e rang des Nations les plus dangereuses du monde et au 1e rang sur le continent devant le Libéria et l’Afrique du Sud. Et comme si cela ne suffisait pas, le 10e Baromètre mondial de la corruption Afrique 2019, indique que les agents de l’administration gabonaise sont les plus corrompus, au même titre que les membres du gouvernement.
Pas de quoi en être fière, et les jours prochains seront sans doute aussi chauds que ceux des semaines précédentes.
Pierre Parfait Mbadinga
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