[Vecteur] Gabon : Valeur zéro pour une démocratie sans le peuple ?

Au Gabon, la démocratie sans le peuple est un raté qui figure dans les discours politiques. En effet, la réponse des autorités politiques du pays à d’importants mouvements de revendications et protestations est souvent la suivante :«La rue ne gouverne pas.» Cette déclaration est symptomatique d’une certaine conception de la politique et de la démocratie.

Les propos des politiques induisent une détermination restreinte de la démocratie et la détermination qui prend acte du décalage entre une réalité oligarchique du pouvoir et une intention démocratique sans cesse réactivée.

Ce décalage restreint le sens donné à l’expression du pouvoir du peuple. Ce pouvoir s’intègre dans une définition fonctionnelle de la démocratie. Le peuple est à l’origine de la création d’un gouvernement car il possède la puissance arithmétique de produire une majorité politique institutionnelle.

La démocratie se reconnaît à cette possibilité offerte aux citoyens de créer par leur vote une majorité politique. Le gouvernement devient alors l’institution centrale de la démocratie.

Dans certains aspects du domaine politique, le pouvoir législatif devient secondaire. Au Gabon, le peuple relève plutôt, alors, d’une puissance que d’un pouvoir. Nous proposerons cette différence entre deux termes : la puissance produit un effet pendant une durée relativement courte, alors que le pouvoir crée un effet à partir d’un effort concerté qui a besoin du temps pour se réaliser.

Le peuple, dans la démocratie gabonaise, relève bien d’une puissance plutôt que d’un pouvoir car son effet politique ne répond pas forcément aux aspirations du peuple.

Par Arthur ASSEKO