La maison Politique CORRUPTION : LES MINISTRES INVITÉS À LA DÉMISSION JOUENT LA MONTRE

CORRUPTION : LES MINISTRES INVITÉS À LA DÉMISSION JOUENT LA MONTRE

CORRUPTION : LES MINISTRES INVITÉS À LA DÉMISSION JOUENT LA MONTRE

L’affaire des 353 conteneurs de Kévazingo disparus au Port d’Owendo a quelque chose de positif. Elle dévoile – une fois de plus-  au monde entier le haut degré de corruption de l’administration gabonaise. Cernés par l’enquête qui vise à faire la lumière sur ses contours, 13 hauts fonctionnaires ont été suspendus le 16 mai, à titre conservatoire de leurs fonctions et responsabilités. Depuis, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer la démission des ministres impliqués. Mais selon un familier du sommet de l’État, le scénario d’une série de démission pour se dépolluer de ce scandale est peu probable. La démission volontaire d’un ministre est un phénomène… pas très gabonais.

Même embarqués dans des affaires qui auraient pu gêner l’exécutif, les ministres gabonais démissionnent peu. Même si parfois des remaniements peuvent cacher des départs volontaires, ils ne constituent pas officiellement des démissions. Ce phénomène suscite la défiance et le ras-le-bol des populations. Depuis l’élection d’Ali Bongo en 2009, c’est factuel, seul l’exercice d’une force exogène a poussé deux ministres à s’eclipser après avoir commis une faute, et seul un autre a fait ses cartons volontairement pour ne plus réapparaître sur les écrans radars. Petit retour dans le temps.

En août 2014, le ministre de l’Éducation Nationale, le Pr Léon N’Zouba, piégé dans une grave crise née au lendemain de la publication des résultats du baccalauréat 2014 déclarant 600 élèves admis avec des moyennes allant de 8 à 9/10, a présenté sa démission au Premier ministre qui l’a accepté et transmise au chef de l’État. Démission sous contrainte.

En septembre 2016, pour un motif strictement différent , Séraphin Moundounga, 2 ème vice–premier ministre, ministre de la justice démissione volontairement après les violences post électorales.

En août 2017, moins d’une semaine après la formation du nouveau gouvernement, Irène Patricia Boussamba, promue ministre délégué auprès du ministre d’État, ministre du budget et des comptes publics a été obligé de quitter le gouvernement par le Premier ministre qui aurait découvert que la jeune femme était citée dans une vaste affaire de détournement des biens publics dont l’acteur principal était Guido Santullo. Ce riche homme d’affaires italien – aujourd’hui décédé- aurait graissé la patte de plusieurs hauts cadres pour décrocher des marchés publics. Démission sous contrainte.

Les ministres gabonais impliqués dans de sombres affaires sont peu enclins à démissionner volontairement. Depuis l’affaire des 353 conteneurs de Kévazingo détournés, les images et commentaires qui font le tour des réseaux sociaux ont hérissé le poil de la Présidence la République. Les populations sont vent debout pour le départ des ministres impliqués. La suspension des directeurs de cabinet et des hauts cadres des ministères en charge de l’Économie et des Eaux et Forêts devrait engendrer la cessation de fonctions ministérielles de Jean-Marie Ogandaga et Guy-Bertrand Mapangou. Poseront-ils d’eux-mêmes une lettre de démission sur le bureau du 1er ministre ? Un suspense à tous les étages. « Je pense que se retirer est la bonne chose à faire. La puissance est une illusion qui peut s’arrêter du jour au lendemain », philosophe un habitué des arcanes du système.

Pierre Parfait Mbadinga

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