La démocratie n’est décidément pas le genre de beauté des autorités gabonaises. Ceux qui croyaient que le peuple était en droit de manifester pacifiquement son mécontentement dans la rue se sont trompés. Depuis que les élèves des lycées et collèges de Libreville investissent la rue pour protester contre les dernières mesures gouvernementales relatives aux nouvelles modalités d’attribution de bourse, on assiste quotidiennement à des affrontements entre forces de sécurité et jeunes manifestants. Ce mercredi , l’ancien premier ministre Raymond Ndong Sima a été témoin des tristes dérapages des éléments commis au maintien de l’ordre au pk7 – 8.
» La police a fait à plusieurs reprises usage d’abord de gaz lacrymogène sans tenir compte de ce qu’il s’agissait d’une zone de marché avec des commerçants, des travailleurs d’autres corps de métiers, des voyageurs venus emprunter des bus pour aller à l’intérieur du pays et des élèves venus des établissements alentours. Tous, nous avons été gazé », s’indigne Raymond Ndong Sima. Les images de ces affrontements sont virales sur les réseaux sociaux, mais elles ne seront jamais diffusées dans la presse officielle gabonaise.
Ces agissements, attribués à nos forces de sécurité et de défense, sont devenus symptomatiques dans le pays. Les dirigeants gabonais sont très souvent en proie à une réaction générale contre les mouvements revendicatifs. Si le gouvernement aujourd’hui clame son intention de mettre en place d’ambitieuses réformes, ses réactions brutales au moindre signe d’opposition ne présagent rien de bon.
« Pour la suite et dans la bretelle qui monte derrière mes bâtiments où de nombreux élèves se sont repliés, la police les a poursuivi. Voyant qu’un des leurs était pris…(les élèves), se sont rués pour le récupérer. C’est pour se dégager à leur tour dans la fuite que des policiers en civil…ont sorti et fait usage de leurs armes de point et tiré, certes en l’air, mais clairement en direction des élèves… Pour couvrir leur bavure, ils ont entrepris d’arracher les téléphones à ceux qui étaient témoins et filmaient la scène », poursuit Raymond Ndong Sima, dans son récit des évènements.
Des évènements qui auraient pu tourner au drame. Que se serait-il passé si une des balles tirées « en l’air » avait atteint un des élèves ? Le 9 avril, craignant sans doute le pire, le Président du RPM, Alexandre Barro Chambrier qui a clairement annoncé son soutien aux élèves des lycées et collèges de l’ensemble du pays, a mis en garde contre tout dérapage dans la gestion de cette crise. Compte tenu de la complexité de la situation sociopolitique du pays, mieux vaut s’abstenir de faire des prédictions sur l’avenir. Mais une chose est sûre : il devient difficile d’être optimiste.
Pierre Parfait Mbadinga
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