L’ancien premier ministre Casimir Oye Mba est décédé le 16 septembre dernier à Paris. Ce grand homme d’État que toute la Nation gabonaise pleure aujourd’hui aura joué un rôle primordial pour l’avancement de la Nation. Mais son parcours politique aura toutefois été sujet à controverse.
Casimir Oye Mba, chef du gouvernement gabonais de 1990 à 1994, laisse un vide immense au sein de la classe politique gabonaise, tous bords confondus.
L’annonce de son décès le 16 du mois courant avait causé une onde de choc. Son aura dépassant les frontières nationales reste le signe de l’homme d’État à la trajectoire hallucinante qu’il a été.
Surnommé “Cam -la- classe », Oye Mba a appartenu à la baronnie Bongo, mort en juin 2009,dont il a aussi été plusieurs fois ministre.
Son dernier portefeuille était celui des mines, du pétrole et des hydrocarbures qu’il a occupé jusqu’au mois de juillet de la même année. Mais à tord ou à raison, son parcours politique continuera tout de même à diviser l’opinion.
Jusque-là irréprochable, la carrière politique du natif de l’estuaire traversera d’abord une première zone trouble lors de l’élection présidentielle anticipée d’août 2009.
À la mort d’Omar Bongo,Casmir Oye Mba est candidat à sa succession et se présente à l’investiture du Parti Démocratique Gabonais qui réussira plutôt à Ali Bongo.
Alors, fort de ses ambitions, il décide de se lancer avec le costume d’indépendant.
Alors qu’il mène une campagne paisible et honorable mais sans véritable adhésion populaire (André Mba Obame et Pierre Mamboundou faisant nettement mieux), Casimir Oye Mba se retire de la course à quelques heures du scrutin à la surprise générale. Un acte qui a éclaboussé le monde.
« J’ai eu des informations de premières mains qui laissaient entrevoir des risques graves pour gabonais…», voilà ce qu’il avait déclaré en substance au lendemain de ce que bon nombre de ses partisans qualifient toujours aujourd’hui de trahison.
Devant une situation de non retour, l’ancien premier ministre s’engagent aux côtés de Zacharie Myboto, de Pierre Claver Zeng Ebome et André Mba Obame pour la formation d’un parti politique (Union Nationale).
Loin de la radicalité affichée par ses frères de lutte, Oye Mba a toujours prôné le dialogue tout en se montrant doux avec Ali Bongo.
Alors qu’il remporte les primaires dans son parti, l’Union Nationale, Casimir Oye Mba désiste à nouveau pour soutenir Jean Ping lors des présidentielles de 2016.
Dans le franchissement d’un palier important, cet ancien gouverneur de la BEAC a toujours péché dans le caractère.
Avant d’entamer son ultime voyage vers l’au-delà, Oye Mba lègue deux visages :
celle d’un technocrate chevronné et dévoué et celle d’un homme qui a toujours mis en avant sa peur d’aller au bout de ses ambitions politiques.
Par Fredo Le Gaboma