« Le Gabon nouveau mis en orbite par les militaires au pouvoir à Libreville ne devrait plus être la chasse gardée de la Françafrique, tout comme le Président gabonais Oligui Nguema n’est pas un sous-préfet de la France. La diplomatie gabonaise et le protocole d’Etat devraient apprendre à sacraliser la Prééminence institutionnelle gabonaise. Un Chef d’Etat n’est pas n’importe qui pour qu’on le rencontre à tout moment »
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La Prééminence Transitionnelle, Président de la République, Chef de l’Etat, le Général. Brice Clotaire Oligui Nguema, a reçu en audience, hier, mercredi 19 juin 2024, Alexis Lamek, l’ Ambassadeur de France au Gabon.
L’ énième audience accordée au diplomate français par Le Chef de l’Etat gabonais a selon la communication présidentielle, mis un accent sur le dernier séjour en France du Général Président Oligui Nguema, et les nouveaux contours des relations de coopération entre les deux pays, ce dans les domaines économiques, la création d’emplois et de l’Environnement.
A Libreville, une certaine opinion nationale dit exprimer sa satisfaction de voir le retour d’une excellente relation diplomatique, voire bilatérale entre le Gabon et la France, ce d’autant qu’Alexis Lamek, l’actuel Ambassadeur de France au Gabon, avait eu du mal à conjuguer avec l’ancien Président Ali Bongo Ondimba et l’ancienne Première Ministre Rose Christiane Ossouka Raponda qui, sans ambages, l’avaient recadré à deux reprises suite à ses velléités condescendante et paternaliste.
En effet, à Libreville tout le monde sait que dès la présentation de ses Lettres de créance à Ali Bongo, Alexis Lamek avait accordé une interview au quotidien national l’union, interview dans laquelle le diplomate français avait clairement affiché sa posture paternaliste et condescendante envers le Gabon. La toile gabonaise fut choquée. Résultat : Ali Bongo et Rose Christiane Ossouka Raponda, les deux tètes de l’exécutif de l’époque furent dans l’obligation de lui rappeler au respect de la souveraineté du Gabon.
Parmi la pléthore de plénipotentiaires accrédités au Gabon, depuis l’arrivée des militaires au pouvoir à Libreville, Alexis Lamek est celui qui a le plus été reçu en audience au Palais du bord de mer !
Pour le coup, une autre opinion nationale estime que ce haut débit d’audience dont bénéficie l’Ambassadeur français dans un pays en pleine restauration de ses institutions dégagerait tout simplement un parfum paternaliste et condescendant.
Cette opinion va plus loin en se posant la question de savoir si Marie-Edith Tassyla-Ye-Doumbeneny, Ambassadeur Haut Représentant de la République Gabonaise en France, est-elle aussi reçue autant de fois à l’Elysée par le Président Emmanuel Macron, comme l’est Alexis Lamek au Gabon ?
Quid de la réciprocité comme sacro saint principe dans les relations internationales ?
Si entre la France et le Gabon ce n’est que l’ambassadeur de France qui, avec une facilité déconcertante, serait le plus reçu en audience alors que l’ambassadeur du Gabon près la république française ne bénéficierait pas de ce même traitement, la diplomatie gabonaise et le protocole d’Etat seraient en train de faillir. Car, qu’on le veuille ou non, le Gabon nouveau mis en orbite par les militaires au pouvoir à Libreville ne devrait plus être la chasse gardée de la Françafrique, tout comme le Président gabonais, le Général Oligui Nguema n’est pas un sous-préfet de la France. La diplomatie gabonaise et le protocole d’Etat devraient apprendre à sacraliser la Prééminence institutionnelle gabonaise. Dans un pays Jaloux de sa Souveraineté, on ne devrait pas rencontrer son Chef d’Etat avec autant de facilité.
Par David Zang MENGUE
