La maison Economie Gabon, le cauchemar des entreprises françaises ?

Gabon, le cauchemar des entreprises françaises ?

Gabon, le cauchemar des entreprises françaises ?

Le mouvement citoyen TropCtrop, dans un accès d’indignation, a adressé une lettre ouverte, le 26 mars, à Gérard Larcher, président du Sénat français, suite à l’organisation vendredi 29 mars, au palais du Luxembourg à Paris, du colloque sur les opportunités d’investissement au Gabon. Une plate forme co-organisée par Business- France et la Direction générale du Trésor, avec la participation du Premier ministre gabonais, Julien Nkoghe Bekale.

L’association TropCtrop regrette une telle initiative, indiquant que  » la situation du Gabon, quelque soit l’angle sous lequel vous la regardez, est très critique ». Sur le plan économique, l’organisation déplore le départ souvent dans des conditions ne respectant aucune forme conventionnelle en la matière, de sociétés françaises.

Selon TropCtrop, « le pays traverse une crise économique profonde, née de la crise post-électorale de 2016, et de la violente répression qui s’en est suivie. Cette séquence à plongé le pays dans une crise institutionnelle, une crise de confiance qui paralyse les ménages, et la consommation stagne ».

La lettre laisse penser que la confiance s’est étiolée entre les entreprises françaises et l’État gabonais. Et plusieurs facteurs expliquent cette crise de confiance: au niveau des entreprises, les retards de paiement récurrents de l’État auprès de ses créanciers et de ses fournisseurs, les arriérés d’impayé qui s’élevaient à 2% du PIB en mars 2018 se sont accrus, les difficultés de trésorerie, les tensions de liquidités, le pays est en manque patent de devises, les coupes dans les dépenses du capital… justifient l’abaissement de la note du pays au sein du agences de notations.

Dans cet élan, le mouvement citoyen TropCtrop dresse l’historique des entreprises françaises ayant connu la descente aux enfers entre 2009 et 2018.

Veolia : Expropriation sauvage malgré 20 ans de présence et 51% du capital de la société des eaux et de l’énergie du Gabon.Requisition militaire par l’armée le 16 février 2018. Rupture brutale et unilatérale de contrat par l’État Gabonais. Plainte à Paris de Veolia et action judiciaire devant CIRDI.

Bolloré : Plainte à Paris et action judiciaire devant le CIRDI contre l’État Gabonais en 2017. Non-respect d’une convention de concession signée en 2007 au profit de l’entreprise singapourienne Olam. Malgré 70 ans de coopération.

Total : L’entreprise s’est désengagée de 1/4 de ses intérêts au Gabon.Rupture de plusieurs intérêts dans la société Total Gabon détenus à 58%. Droits cédés à un indépendant malgré 85 ans de coopération.

Maurel & Prom: La société a divisé par trois (3) son budget d’exploration.

Colas Gabon : Rapatrie depuis 2016 la quasi-totalité de ses expatriés et liquide une partie de ses actifs faute d’activités.

Bouygues Énergies & Services : L’entreprise à cause d’importants impayés de l’État gabonais s’est résolu à quitter le territoire et à arrêter toutes ses activités.223 salariés au chômage. Malgré 70 ans de présence.

Egis et Aéroport de Marseille Provence (AMP): 2 sociétés françaises. Non renouvellement du contrat de concession, datant de 1988. Le duo français a investi 60 millions d’euros. Au 1er juillet 2018, la gestion de l’aéroport international Léon MBA de Libreville est désormais assurée par l’entreprise GSEZ Airports, filiale locale de la multinationale singapourienne Olam.

Sodexo : spécialisé dans la restauration. Ne pouvant plus faire face aux difficultés financières liés aux impayés de l’État gabonais. Huit (8) milliards de francs CFA d’impayés. Départ définitif du pays le 10 février 2018 pour des raisons économiques. 600 employés licenciés. Malgré 40 ans de présence.

Shell : Le leader Anglo-néerlandais a quitté définitivement le Gabon le 24 mars 2017. Vente de la totalité des actifs dans le pétrole et le gaz. 55 ans de présence.

ESS : Société Australienne a mis la clef sous le paillasson. Rapatriement de tous les expatriés, au nombre de 17. Fermeture de l’activité.

Sericom : Société italienne. Décès du fondateur M. Guido Santullo, qui réclamait plusieurs centaines de millions d’euros d’impayés. Accusation de l’État dès 2015 en Suisse, en France et au Gabon. Santullo réclame 1,5 milliards d’euros pour des chantiers pré financés, livrés non payés. 300 personnes licenciées. Arrêts de chantiers. Plainte et action judiciaire à la cour internationale d’arbitrage et le tribunal de commerce de Paris. Saisie conservatoire de l’hôtel Pozzo Di Borgo sis rue de l’Université.

Satram : Société marocaine. 1200 salariés privés de salaires pendant 12 mois. Un liquidateur judiciaire aux arrêts 9 mois durant. Des impayés de l’État. Des suicides de plusieurs salariés. Basculement dans la précarité. Perte de pouvoir d’achat pour les familles.

Une liste non exhaustive dressée par le mouvement citoyen TropCtrop. L’État n’est bien sûr pas responsable de tous les maux dont souffre les entreprises françaises au Gabon. Il y a  l’effondrement du prix du pétrole et les nombreuses erreurs de management des différentes équipes de direction qui peuvent très bien avoir contribué à faire sortir de la route de nombreuses entreprises françaises.

Pierre Parfait Mbadinga

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