Au Gabon, le mécontentement des populations est ce qui se cache le plus difficilement. Marqués par la vie chère, les gabonais éprouvent toutes les peines du monde à faire sauter les nombreux carcans – chômages, faibles revenus, avenir incertain – qui les maintiennent dans la pauvreté. Cette problématique est d’autant plus urgente et inquiétante que le 6 juin 2019, sur instruction du 1e ministre, chef du gouvernement Julien Nkoghé Bekale, le ministre délégué à l’économie, Hilaire Machina a présidé la signature du protocole d’accord relatif à la mise en œuvre du nouveau dispositif d’exonération et de blocage de prix de certains produits alimentaires importés de première nécessité.
Il s »agit de procéder à la rationalisation de la liste de 58 produits exonérés tels que volailles, cotis, laits, riz, et ce aux fins de réduction d’une dépense fiscale toujours plus importante. Les prix de ces produits seront bloqués pour une nouvelle période de 6 mois, afin de soutenir la consommation des ménages disposant de faibles revenus. Une initiative louable si ce n’est qu’elle laisse sceptique en terme d’efficacité.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement procède au plafonnement de ces produits de première nécessité. A chaque fois, et contre toute attente, les prix n’ont cessé de flamber à Libreville et à l’intérieur du pays. La vie chère étant la conjonction de plusieurs facteurs, ayant trait au contexte actuel – augmentation du prix du carburant avec pour conséquence la hausse du coût de transport, la baisse de l’offre de certains produits tels que le sucre ou le manioc – il faudrait augmenter structurellement l’offre locale des produits en encourageant la concurrence et en mettant en œuvre les grands projets sectoriels, notamment dans le domaine agricole.
De son côté, la Direction générale de la Concurrence et de la Consommation doit exercer une meilleure surveillance des marchés et mieux lutter contre les pratiques anti concurrentielles, en insistant particulièrement sur la pratique d’affiche des prix et l’ utilisation des poids et mesures. Sachant que les populations ont longtemps fait preuve d’une infinie patience, le gouvernement a mis en garde les opérateurs qui seraient tentés de ne pas respecter les plafonds des prix arrêtés ou de frauder sur les positions tarifaires au niveau douanier. Face à ces errements, leurs auteurs s’exposeront directement à de lourdes sanctions financières voire pénales. Des avertissements qui malheureusement sonnent comme un air de déjà entendu.
Pierre Parfait Mbadinga
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