L’Autorité nationale de vérification et d’audit (ANAVEA) a été créée en 2020 avec l’intention de renforcer la transparence et la bonne gestion des finances publiques au Gabon. Cependant, son parcours a été marqué par des échecs notables, culminant avec sa dissolution en septembre 2023. Ainsi, cette analyse critique se penche sur les raisons de cet échec, en mettant en exergue la responsabilité de son ancien directeur, John Marchos Ankely, tout en s’interrogeant sur les interférences des anciens gouvernants qui ont pu entraver son fonctionnement.
Enfin, nous examinerons la décision de confier de nouvelles responsabilités à l’ancien patron de l’ANAVEA au sein de la taskforce mise en place après le coup d’État militaire du 30 août 2023.
L’ANAVEA avait pour mission de contrôler, auditer et évaluer les services de l’État, ainsi que les collectivités locales et les organismes recevant des financements publics. Malgré ces objectifs ambitieux, l’ANAVEA n’a pas su s’imposer comme un acteur efficace dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des ressources publiques.
Selon le communiqué du Conseil des ministres du 28 septembre 2023, l’inefficacité de l’ANAVEA a été clairement constatée, ce qui a conduit à sa dissolution.
L’absence de résultats tangibles a suscité de vives critiques. Par exemple, alors que l’ANAVEA annonçait des poursuites judiciaires contre des fonctionnaires impliqués dans des malversations, ces promesses n’ont jamais été concrétisées. De plus, cette situation a alimenté le sentiment d’impunité et a miné la confiance des populations dans cette institution. En outre, l’ANAVEA était souvent perçue comme une doublure de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), ce qui a encore renforcé le scepticisme quant à sa pertinence.
John Marchos Ankely, en tant que directeur de l’ANAVEA, porte une part significative de la responsabilité de cet échec. Son leadership a été critiqué pour son manque de vision et d’efficacité dans la mise en œuvre des missions de l’ANAVEA.
En dépit des ressources et des prérogatives qui lui étaient accordées, John Marchos Ankely n’a pas su mobiliser son équipe ni établir des stratégies claires pour atteindre les objectifs fixés.
De plus, les décisions prises par ce dernier semblent avoir été influencées par des considérations politiques, ce qui a compromis l’indépendance de l’ANAVEA. D’ailleurs, les interférences des anciens gouvernants, qui ont été renversés en août 2023, ont sans doute joué un rôle dans l’inefficacité de l’agence.
En effet, les pressions politiques et les conflits d’intérêts ont pu entraver le bon fonctionnement de l’ANAVEA, rendant difficile l’exécution de ses missions de contrôle et d’audit.
L’un des éléments clés à considérer dans l’analyse de l’échec de l’ANAVEA est la question des interférences politiques. Les anciens gouvernants, qui ont été au pouvoir jusqu’au coup d’État du 30 août 2023, ont souvent été accusés de favoriser la corruption et de bloquer les initiatives visant à renforcer la transparence et la bonne gouvernance. Dans ce contexte, l’ANAVEA a pu se retrouver paralysée par des influences extérieures, rendant difficile son rôle de contrôle.
Les scandales financiers révélés par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) ont mis en évidence l’ampleur de la corruption au sein de l’administration gabonaise. Ainsi, ces révélations soulignent non seulement l’inefficacité de l’ANAVEA, mais aussi l’environnement hostile dans lequel elle a opéré.
Malgré l’échec retentissant de l’ANAVEA, John Marchos Ankely a été nommé à de nouvelles fonctions au sein de la taskforce mise en place par le nouveau gouvernement militaire. Or, cette décision soulève des questions sur la logique de la gestion des ressources humaines au Gabon.
En effet, comment un responsable ayant échoué dans sa mission précédente peut-il se voir confier de nouvelles responsabilités dans un contexte où la lutte contre la corruption est plus que jamais cruciale?
Cette nomination peut être interprétée de plusieurs manières. D’une part, elle pourrait signaler une continuité dans les pratiques de gestion des ressources humaines, où les individus sont maintenus en poste malgré leurs échecs. D’autre part, elle pourrait également refléter une volonté de réformer l’ANAVEA en s’appuyant sur des personnes qui ont une connaissance des rouages de l’administration, même si leur performance passée est discutable.
L’échec de l’ANAVEA est un exemple frappant des défis auxquels le Gabon est confronté en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption. La responsabilité de cet échec incombe en grande partie à John Marchos Ankely, dont le leadership a été marqué par l’inefficacité et l’influence des politiques. En outre, les interférences des anciens gouvernants ont également joué un rôle crucial dans la paralysie de l’ANAVEA, soulignant la nécessité d’un environnement institutionnel sain pour garantir l’efficacité des organes de contrôle.
Ainsi, la décision de confier de nouvelles responsabilités à Ankely dans la taskforce pose des questions sur la capacité du nouveau gouvernement à tirer les leçons du passé et à établir une véritable culture de responsabilité et de transparence. Pour que le Gabon puisse avancer vers une meilleure gouvernance, il est impératif de réévaluer les choix de leadership et de s’assurer que ceux qui sont en charge des institutions de contrôle soient véritablement engagés dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des ressources publiques.