Le ministère de l’Éducation nationale avait exhorté, en décembre dernier, les proviseurs, les censeurs, les responsables administratifs à reprendre la craie pour combler le déficit d’enseignants dans les établissements scolaires du pays.
Il avait été demandé à chaque administratif enseignant de consacrer 3, 6 voir 12h de son temps de travail par semaine.
Le secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale avait lui-même donné l’exemple en dispensant devant les caméras de la chaîne nationale un cours de mathématiques à des secondes S au lycée Nelson Mandela de Libreville.
L’initiative avait été saluée par beaucoup, car elle était bénéfique, surtout pour les élèves.
Après deux mois, l’on ne voit toujours pas l’application de cette exhortation.
De nombreux établissements scolaires publics aussi bien à Libreville qu’à l’intérieur du pays manquent toujours d’enseignants, particulièrement dans les matières scientifiques.
Une situation qu’on pensait avoir réglée en cette année de grâce 2023. Bien que l’enseignant va se demander si c’est juste et équitable.
Par ailleurs, l’enseignant sera encore ce fonctionnaire à qui on va demander, pour le bien de la société, de doubler ses efforts, pour quel salaire ? Quelle motivation ? Dans quelles conditions de travail ?
Chaque établissement scolaire a entre 5 à 30 administratifs qui normalement n’enseignent plus et qui doivent assurer leurs fonctions de proviseurs, senseurs, directeurs des études, ces fonctions nécessitent aussi beaucoup de travail et ils ne sont pas à l’origine de la situation désastreuse de l’éducation au Gabon.
Ces fonctionnaires vont devoir travailler au bureau, leurs obligations régaliennes et ensuite aller enseigner dans les salles de classe et comme il s’agit d’un enseignant, il devra travailler à la maison à préparer les cours, les devoirs, corriger les copies pour le même salaire.
Le ministère de l’Éducation national serait-il en train de procéder à l’intégration de certains professeurs et que cela soit la raison du retard observé ?
Il faut souligner que la situation du déficit d’enseignants dans les établissements scolaires du Gabon n’est que la conséquence logique des décisions unilatérales du gouvernement de geler les embauches à la fonction publique en supprimant pendant de longues années les concours d’entrée à l’ENS, l’ENSET.
En parallèle, chaque année des enseignants sont nommés au ministère de l’Éducation nationale et d’autres sont appelés à faire valoir leurs droits à la retraite ou alors décèdent ou se suicident, las d’attendre un présalaire dans une localité perdue du pays.
Les administratifs du ministère de l’Éducation nationale sont à 90% des enseignants. Mais combien d’entre eux sont des professeurs de mathématiques ou de physique ? Puisque ces disciplines sont les plus déficitaires.
Mais combien de temps va perdurer cette situation ? Assistera-t-on réellement à l’intégration cette année de suffisamment d’enseignants avec la vocation et des notions de pédagogie ou alors des enseignants recrutés sur le tas.
De toute façon, les élèves sont habitués au Gabon à être enseignés par des individus qui ont perdu leurs vocations.
Fridaly OBAME